Problématique et données

Un marché est un système d’échanges où se croisent l’offre et la demande en matière de produits alimentaires. Avec une population de près de 2 millions de personnes, l’agglomération de Montréal constitue de loin le principal bassin de population à nourrir au Québec. L’offre aussi est importante, alors que la région de Montréal fournit 27 % des emplois bioalimentaires du Québec (MAPAQ, 2017). Le marché montréalais est constitué des sources d’approvisionnement et de quatre grands canaux de distribution, tel qu’illustré ci-dessous.

consommation production montréalaise urbaine vente directe institution commerce restauration périurbaine production et transformation montréalaise et qbécoise

Malgré l’importance de ce marché, la part des aliments provenant de l’extérieur du Québec est toujours très importante et les producteurs et transformateurs locaux rencontrent des obstacles à trouver des débouchés pour leurs produits. Il convient donc de favoriser l’accès au marché montréalais pour les produits locaux afin de renforcer l’activité des entreprises du secteur et d’assurer leur pérennité.

Le milieu de la production et les quatre canaux de distribution de la région montréalaise sont caractérisés par des enjeux qui leur sont propres. Soulignons, entre autres, ceux-ci :

  • Production périurbaine : 97% des superficies cultivées dans la région de Montréal sont louées par les producteurs agricoles (MAPAQ, 2018). La location des terres (dont les coûts sont très élevés) par les producteurs agricoles engendre une forte incertitude pour ceux-ci, sans compter qu’ils doivent composer avec l’enjeu de la spéculation.
  • Production urbaine : Selon les données disponibles, pas moins de 23 entreprises agricoles enregistrées seraient en activité à l’extérieur de la zone agricole permanente de l’agglomération de Montréal (CRETEAU, 2019). Leur principal défi est la difficulté d’accéder à des espaces productifs, en plus de ne pas pouvoir disposer des mêmes aides financières ou techniques que les producteurs en zone verte (Atomei et al., 2019).
  • Vente directe : La vente directe peut se faire par des programmes d’agriculture soutenue par la communauté (ASC), par la vente en ligne et livraison ou dans les marchés publics. Les défis rencontrés concernent, par exemple, la difficulté d’implanter des points de chute dans les commerces du centre-ville et celle de livrer les produits à cause des problèmes de circulation.
  • Le marché institutionnel : Ce marché est difficile à pénétrer pour les producteurs et transformateurs locaux, déjà largement occupé par de grandes entreprises. De plus, il existe des difficultés logistiques liées à l’approvisionnement d’institutions qui doivent s’approvisionner de la même façon pour de grands volumes, mais qui peuvent être dispersées sur l’île de Montréal. Le processus d’appel d’offres est rigide et les accords de commerces internationaux restrictifs limitent la capacité de prioriser les aliments locaux pour les institutions.
  • Le commerce de détail alimentaire : Les conditions d’accès aux grandes chaînes sont difficiles pour les producteurs et transformateurs; il y a souvent peu de flexibilité dans les contrats d’approvisionnement des bannières, il faut être en mesure de fournir des volumes parfois importants, et il faut que les produits « sortent », ce qui implique parfois que les entrepreneurs doivent aller sur place pour promouvoir et faire connaître leur produit pour s’assurer qu’ils sont achetés par les clients.
  • Le marché de la restauration : Les principaux obstacles rencontrés par les restaurateurs dans l’augmentation de la part d’aliments locaux concernent la marge de profit parfois réduite vis-à-vis le coût des aliments, ainsi que des difficultés logistiques liées au transport.
CSAM | Accès au marché
CSAM | Accès au marché
CSAM | Accès au marché

Accès au marché

Stratégies prometteuses

Les stratégies sont soit transversales, comme la promotion de l’alimentation locale dans les initiatives gastronomiques et touristiques et la facilitation du transport des denrées dans les quartiers centraux de la Ville, soit axées autour de la production ou d’un des canaux de distribution.

Stratégies pour augmenter la production périurbaine et urbaine : elles touchent aux politiques publiques municipales, à l’accès aux terres/terrains, au soutien technique, au transfert de connaissances, etc.

Stratégies pour faciliter l’accès aux canaux de distribution : elles sont en lien avec le soutien aux PME pour la mise en marché (marketing), la collaboration entre commerces de détail, distributeurs et PME pour accroître la disponibilité et visibilité des produits locaux, le soutien à l’adoption de politiques d’approvisionnement local dans les institutions et leur mise en œuvre, la réglementation municipale (pour utilisation du domaine public pour établir des points de chute, par ex.), etc.

Abonnez-vous à notre infolettre